25.10.11

Love letter





Clarisse, ma chère collègue, ma chérie,

ce mail pour te parler d'un sujet personnel. Tu occupes le bureau d'à côté, nous nous disons bonjour le matin, bonsoir le soir, de temps en temps nous parlons de tout et de rien. Mais autant te le dire, je pense que nous allons franchir un pas de plus dans cette relation. En tout cas c'est mon souhait.

Tu sais, l'homme aurait tendance à chercher à se reproduire quand il sent son avenir menacé, selon un vieux réflexe biologique. Dans les moments difficiles, les hommes seraient plus enclins à vouloir multiplier les conquêtes et les rapports sexuels qu'en période plus sereine. Des chercheurs de l'université américaine du Kansas ont mené une expérience sophistiquée. Montrer des images provocantes (des photos de femmes nues à des hommes et inversement) ainsi que des photographies sans connotation sexuelle (des voitures de sport et des maisons luxueuses) à des groupes d'hommes et de femmes en leur faisant imaginer un moment difficile (leur propre mort), puis une douleur dentaire.

Résultats : quand les hommes se figuraient leur mort, la vision de femmes nues augmentait très significativement leur rythme cardiaque ; celle-ci restait stable quand ils imaginaient une douleur dentaire. Les photographies de voitures de sport ne produisaient pas cet effet.

Conclusions des chercheurs : quand l'idée de sa propre mort surgit, traduisant une menace de la survie de ses gènes, l'homme répond de manière beaucoup plus forte à un stimuli sexuel. «Nous sommes biologiquement programmés pour nous reproduire, et l'environnement nous dicte la meilleure stratégie pour être sûr que nos gènes se perpétuent, résume Ted Grilhardt. Si vous pensez que votre fin est proche, il y a alors un avantage certain à utiliser une stratégie de court terme pour rechercher des partenaires."

Chère Clarisse, j'imagine que la fin de l'euro, de l'Europe et du monde, si on peut faire confiance au calendrier aztèque, (mais il n'y a aucune raison de ne pas le faire, c'était quand même pas des crétins les gars), j'imagine donc que, tout comme moi, ce contexte ne t'incite pas à l'optimisme.

Conclusion  : on prend un verre ce soir et puis on voit ?

Ton collègue Gérald.

9 commentaires:

greta g a dit…

Trop romantique, ce Gégé

Alice V a dit…

Mais quelle belle histoire (hum pour les cœurs naïfs!)...
Avec un peu de recul, ce discours aurait facilement pu être celui d'un Woody Allen dépressif et totalement à cran... j'aime cette idée!
Très belle plume en tous les cas, au plaisir de te lire.

la flore et la faune a dit…

Greta, "romantique", c'est le bon mot je crois

Alice, nous sommes tous des WA. Et merci pour la plume. C'est que je fais des piges dans plein de magazines scientifiques comme Le Chasseur Français ou Nature.

Laurent [alias Mr Poulet] a dit…

La chose est dite (et la réponse positive ?). Et vive les openspace...

a une dent qui résiste aux anesthésies, a eu très mal récemment, a dpu aller aux urgences à la Salpêtrière a dit…

c'est bien parce que c'est vous. mais le prochain qui me parle de douleur dentaire et de dentiste. je lui en colle une, vu ?

a une dent qui résiste aux anesthésies, a eu très mal récemment, a dû aller aux urgences à la Salpêtrière a dit…

message rasurant pour geral qui a donc une chance : je ne sus pas Clarisse

a eu une pulpite, a un nerf, des ligaments, une dent qui résiste aux anesthésies, a eu très mal récemment, a dû aller aux urgences à la Salpêtrière a dit…

"je ne sus pas Clarisse"
oups ! le lapsus ! la boulette ! va avoir grave peur Gérald. mais non, Grald, décontract, mec, je ne suis pas Clarisse et la suce pas non plus !

Agathe PHILBÉ a dit…

Je trouve tout cela tres houellebecquien... non?

la flore et la faune a dit…

Laurent, oui, réponse positive, merci

Salpêtrière, je compatis : il faut mettre un sac de petits pois surgelés sur le visage, maintenu par une sangle. Ça fait un peu Hannibal Lecter, mais c'est efficace contre la douleur dentaire.

Agathe, c'est bon pour mon Goncourt de l'an prochain ça.