La fille de la tripière. Un sacré numéro. Sa mère, tripière sans doute depuis la grande époque des Halles, petite vieille femme brune, cheveux très courts, visage tavelé, bouche rentrée, l'œil mauvais d'une volaille circonspecte, debout en tablier à rayures toute la journée dans sa boutique. Un étal de moins d'un mètre avec en vitrine des foies, des tripes et des rognons, sous un auvent rouge muleta portant de grosses lettres blanches devenues grises : T R I P E R I E.
En face de ce minuscule commerce, de l'autre côté de la rue pas très large, le café des Allongés. Un rade transmis depuis des décennies mais resté dans son jus début de siècle. Des boiseries lustrées par les épaules, un sol carrelé couvert de fissures, des miroirs tachés, un comptoir noirâtre. Un patron roublard et ventru, aux rouflaquettes rejoignant la moustache, jouant les bourrus pour épater les touristes. Et comme serveuse, la fille de la tripière.
Sonia, en rébellion permanente. Pour bien montrer qu'elle fait ce métier alors qu'elle pourrait en faire un autre bien mieux, elle le fait à moitié, en le sabotant. Elle oublie de nettoyer une table, elle fait poireauter un couple de "connards" dont la gueule ne lui revient pas, elle drague un client dont la femme est allée aux toilettes. Elle râle si on lui fait une remarque, elle hurle quand on lui dit de se calmer, elle balance son plateau lorsqu'un habitué la charrie trop. Tout ça sous le regard sombre de sa mère. Sa mère qui du matin au soir la regarde servir des cafés, des bières, des sandwiches, des salades, des tartes, des kirs.
Triperie Billon,
rue Coquillière,
75001
2 commentaires:
et un bout de tripe les relie encore l'une à l'autre...
Tant que SONIA ne fait une bêtise comme une petite minette écoutée hier dans le bus : " alors là là vendeuse, elle me dit, sors ce que tu as mis dans ton sac, voleuse. Et elle crie comme ça de plus en plus fort, VOLEUSE, VOLEUSE, VOLEUSE ! je suis pas une voleuse que je lui fais : j'ai rien mis dans mon asc. Je cherchais mon porte-monnaie. Rends la marchandise, VOLEUSE !! qu'elle refait. alors moi, vénère, je l'attrappe par la tête et le cou et paf je lui écrase la gueule sur le comptoir ! je lui ai pété le nez dis donc ! ... C'est une bêtise ..."
alors, ça va, Sonia, ça va ...
T'es énervée, tu pars au quart de tour, tu as la haine mais ça va à peu près ... tu casses pas la gueule aux gens.
Enregistrer un commentaire